La grossesse et l’accouchement sont des moments extraordinaires dans la vie d’une femme. Cependant, ils peuvent également être à l’origine d’une grande fatigue physique et émotionnelle, ce qui peut mener à une dépression post-partum.
Des chiffres alarmants et souvent sous-estimés
Loin d’être un phénomène rare, la dépression post-partum touche un nombre important de femmes. Selon les données de l’Enquête nationale périnatale 2021 réalisée en France, 1 femme sur 6 souffrait d’une dépression post-partum deux mois après l’accouchement.
Ces chiffres, bien que préoccupants, sont probablement sous-estimés, car de nombreuses femmes hésitent à parler de leurs difficultés par peur du jugement ou de la stigmatisation.
L’impact de la dépression post-partum ne se limite pas aux femmes seules. Il peut également avoir des conséquences importantes sur le développement du nourrisson et sur la cohésion familiale.
Des études ont montré que les enfants de mères souffrant de dépression post-partum sont plus à risque de présenter des problèmes émotionnels et comportementaux, tels que des troubles du sommeil, des difficultés d’apprentissage et des problèmes d’attachement.
Des facteurs de risque à connaître
Si toutes les femmes sont vulnérables à la dépression post-partum, certains facteurs de risque peuvent augmenter les chances de la développer :
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Antécédents de dépression ou d’anxiété
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Accouchement difficile ou traumatique
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Manque de soutien social
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Fatigue importante
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Difficultés d’allaitement
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Bébé avec des problèmes de santé
Ne pas confondre avec le baby blues
Il est important de ne pas confondre la dépression post-partum avec le baby blues, qui est un état de tristesse et d’irritabilité ressenti par environ 80% des femmes dans les jours qui suivent l’accouchement.
Le baby blues est généralement doux et de courte durée, et il disparaît spontanément dans les deux semaines suivant l’accouchement.
En revanche, la dépression post-partum est un trouble plus grave qui nécessite une prise en charge médicale.
Des symptômes variés et souvent minimisés
Les symptômes de la dépression post-partum peuvent être variés et discrets, ce qui rend leur identification difficile. Parmi les plus courants, on retrouve :
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Tristesse persistante, sentiment de vide ou d’abattement
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Perte d’intérêt pour les activités habituellement appréciées
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Difficultés de concentration, mémoire défaillante
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Troubles du sommeil (insomnie ou hypersomnie)
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Fatigue intense et manque d’énergie
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Changements d’appétit (perte ou gain de poids)
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Irritabilité, agitation ou sentiment de ralentissement
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Sentiment de culpabilité ou d’inutilité
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Pensées suicidaires ou d’automutilation
Il est important de noter que chaque femme vit la dépression post-partum différemment.
Un message clé : demander de l’aide
Si vous ressentez plusieurs de ces symptômes, il est crucial de demander de l’aide. La dépression post-partum est un trouble traitable et il existe de nombreuses ressources disponibles pour vous aider.
N’hésitez pas à en parler à votre médecin généraliste, gynécologue ou sage-femme. Ils pourront vous proposer un suivi adapté et vous orienter vers un spécialiste si nécessaire, qui pourra vous proposer un traitement individualisé qui peut inclure une thérapie, des médicaments ou les deux.
De nombreuses associations et groupes de soutien existent également pour accompagner les femmes souffrant de dépression post-partum. Ces espaces vous permettront de partager votre expérience et de recevoir du soutien de la part d’autres femmes qui vivent la même chose.
Mes tribulations avec la dépression post-partum
En tant que mère, j’ai moi-même vécu une dépression post-partum. La fatigue liée à l’accouchement, les nuits blanches et les pleurs constants de mon bébé ont eu raison de mon moral. Je ne dormais plus, même pendant que bébé dormait, et je passais tout mon temps à pleurer. Je me sentais dépassée, incapable de prendre soin de moi-même et de mon enfant. « Je n’y arriverai pas, » me disais-je constamment. Je doutais de ma propre valeur en tant que mère et même en tant qu’individu. J’ai eu honte de ressentir ces émotions et j’ai culpabilisé de ne pas être à la hauteur. Et je m’enfermai dans un cercle vicieux de culpabilité et d’autoflagellation.
J’aurais pu rester longtemps dans cette phase, si mon mari n’avait pas été là pour me faire prendre conscience du fait que je traversais sans doute une dépression, et que je devais me faire aider. Et oui, les papas et futurs-papas, vous avez un rôle crucial à jouer dans le bien-être de votre moitié !
I a été très compréhensif et m’a soutenue sans faille. Grâce à cela, j’ai osé en parler à mon médecin qui m’a rassurée et m’a orientée vers un psychiatre. Ensuite la thérapie et le soutien de mon entourage m’ont permis de surmonter cette phase particulièrement éprouvante, et être pleinement disponible émotionnellement pour mon bébé.
Brisons le silence
La dépression post-partum n’est pas une honte, et il n’y a aucune raison de s’en cacher. Il s’agit d’un trouble médical qui doit être pris au sérieux et traité avec l’accompagnement d’un médecin – n’ayons pas peur de le dire malgré le tabou social autour de la santé mentale – d’un psychiatre.
Si vous êtes une femme enceinte ou si vous venez d’accoucher, soyez attentive aux signes de la dépression post-partum. N’hésitez pas à demander de l’aide à vos proches mais aussi à des professionnels qui sauront vous accompagner et vous orienter, vous ne devez surtout pas traverser cette épreuve seule, faites-vous bien entourer.
Ensemble, brisons le silence et les tabous, et faisons de la dépression post-partum un sujet de santé publique !
Pour aller plus loin je vous recommande vivement ces ressources :